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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

bd

Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


Ils sont nés sur les champs de bataille de 14-18, dans le souffle des gaz et des armes à rayons X.
Ils ont pris le contrôle des grandes capitales européennes. Par-delà le bien et le mal.
Les feuilletonistes ont fait d'eux des icônes. Les scientifiques sont fascinés par leurs pouvoirs. Pourtant, au centre du vieux continent, une menace se profile, qui risque d'effacer jusqu'au souvenir de leur existence.

 

Voilà une nouvelle série très ambitieuse, qui, si elle confirme les espoirs placés en elle, pourrait bien devenir un classique.

L’ambition des deux co-scénaristes, par ailleurs chefs de file de la SF française, est d’écrire une mythologie super-héroïque européenne. Le point de départ, si l’on peut dire, est l’absence de super-héros dans cette zone après le second conflit mondial. D’où le sous-titre de la série « la fin des super-héros européens ». Vaste entreprise, où d’autres se sont cassés les dents, mais dont d’autres auteurs ont pu aussi se sortir dans des sphères différentes. Je pense à des séries telles que Watchmen et La Ligue des gentlemen extraordinaires, avec lesquelles la comparaison est inévitable.

Dans le prologue nous sommes à Metropolis, une cité secrète nichée dans les Alpes autrichiennes, où le Dr Mabuse a convoqué l’ensemble des super-héros européens pour leur exposer un plan de guerre. S’y trouvent des « méchants », comme Gog et la Phalange, mais aussi des « gentils », tels que Gibberne, l’Accélérateur, ou encore Irène Joliot-Curie, fille de la physicienne Marie Curie, cachée dans une super armure soviétique. De cette réunion va naître un conflit qui transformera à jamais l’Europe.

Pour enrichir leur récit, les scénaristes ont convoqué à peu près toutes les ressources de la littérature fantastique de l’entre-deux guerres. Les Surréalistes, le Golem (certes plus ancien), le Passe-Murailles, Harry Dickson, et même Superman, présent sous une autre identité, transparente (« Steele »)… Les auteurs font même un petit clin d’œil à Lovecraft ; quant à moi j’ai vu également une référence au film <a>Cube</i>. Manquant personnellement de repères, je pense qu’il y a d’autres influences et références, que je n’ai pas vues. Mais peu importe, puisque l’ensemble se tient sans trop d’incohérences, et que ce tome 1 ébauche un récit qui sera sans doute riche. Il comporte un prologue et le premier récit de la série (qui comptera au final 6 tomes), où il ne se passe pas grand-chose mais où un amateur de fantastique comme moi peut trouver du grain à moudre, et des pistes de recherche pour enrichir sa connaissance du genre.

La série comptera au final 6 tomes, mais il n’y aura pas à attendre des années pour connaître l’épilogue de celle-ci, les deux suivant sortant en septembre et octobre, et les trois derniers au printemps 2010, en principe.

Le dessinateur chargé de ce travail de stakhanoviste est Gess, auteur de Teddy Bear et Carmen Mc Callum. Il a fait beaucoup de recherches pour coller à l’ambiance de cette série, proche du bauhaus et de l’expressionnisme allemand. Ces recherches sont notamment visibles dans les décors, els costumes, les architectures, ce qui rend le récit plus réaliste.

 

On pourrait croire cette bande dessinée réalisée par une équipe américaine, tant elle ressemble à d’autres productions outre-Atlantique : format, sujet (super-héros, bien sûr), découpage bien sûr (Gess fait ici un travail qui est à rapprocher de celui de Stan et Vince, par exemple). En feuilletant l’album on risque de trouver son travail un peu bâclé, mais à la lecture cette sensation disparaît pour une impression générale d’efficacité, et surtout une recherche d’authenticité et de fidélité aux différentes figures emblématiques qui parsèment le récit. A noter également le très bon travail éditorial des graphistes de l’Atalante, avec une maquette soignée et des « bonus » dans le ton et la mode des années 1930.

En résumé, une uchronie riche qui intéressera les amateurs du genre, et qui présente l’avantage d’être rapidement bouclée. A suivre donc.


 

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD

Hanne a eu un très grave accident. Mais était-ce une raison pour faire de cette jeune femme un cobaye d’une thérapie cellulaire non-homologuée ? Une thérapie qui va provoquer un étrange résultat.

La main de Hanne peut traverser le verre…
Alors que les scientifiques mesurent l’importance de leur découverte et le profit à en tirer, Hanne s’évade. Traquée, elle trouvera refuge dans le camping-car de trois jeunes français en voyage aux USA. Cette rencontre va transformer leurs vacances aux USA en chasse à l’homme. Les trois amis pensaient observer la nature sauvage dans l’Adirondack Park, pas devenir gibier.

Vous avez dit American trip ?
Bad trip.

 


 

Sympa le travail de Christophe Pernoud.
Après La Métaphore du Papillon et Kim, voici un nouveau thriller scientifique assez sympathique. Cette fois-ci c'est l'histoire d'une jeune femme qui a fait l'objet d'étranges expériences qu'il nous invite à suivre, à travers une cavale diabolique où se télescopent pêle-mêle militaires bornés, scientifiques un rien naïfs, tueurs froids et campeurs français amateurs de pétards en pleine nature... Un mix relativement classique, mais qui a le mérite d'assez bien fonctionner. Pernoud nous conte un récit avec plusieurs trames parallèles et imbriquées, et s'en sort plutôt bien. Le côté scientifique de l'histoire est bien géré, il pourrait même inciter le lecteur à vouloir en savoir plus, même si je trouve que cela manque un peu d'explications. Les personnages font un peu cliché, mais ils ne sont pas plus mal gérés que dans de nombreux thrillers américains de bonne facture. Ca se lit très bien, c'est vraiment agréable, d'autant plus que le dessin du débutant Brice Mallié, alias Eillam, est clair et bien coloré dans un style réaliste. Par contre il y a encore un manque de maturité, quand on voit des troncs un peu courts ou des encrages approximatifs.

En résumé, un thriller pas révolutionnaire mais solide, bien mené et agréable à lire et à regarder. Autre avantage ? Celui de suivre dans un même album un peu plus petit, un premier cycle complet, et à prix attractif (17,90€). Pourquoi s'en priver ?

 

Spooky.



 

BD American Trip

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD

Carol Ann a 15 ans, l'âge du doute et de la déraison. Coincée entre une mère dépressive et des cauchemars récurrents qui la mènent toutes les semaines chez le psy, elle n'accepte pas le contact des autres. Le contact des garçons que les filles de son âge cherchent avec envie.

Serait-ce l'absence de ce père diabolisé qu'elle n'a jamais connu qui la rend si infréquentable ? La mort de sa mère va la mettre au pied du mur. Son père entre brutalement dans sa vie. Mais la rencontre avec cet homme étrange, antiquaire à Londres, n'arrange rien. Et c'est au fond de son magasin que Carol Ann trouvera les réponses à ces mystères.

 

Cette nouvelle série n'est pas inintéressante. Fortement influencée par la mythologie nordique, elle présente un univers parallèle assez attrayant. Roi déchu, Hemdal (dont le presque homonyme Heimdal garde le Bifrost, le pont reliant Asgard, domaine des dieux, et Mitgard, terre des Hommes) est contraint de revenir dans son ancien royaume pour sauver sa fille, semi-humaine et affronter ses fils. parmi lesquels Loh-kee, forcément inspiré par Loki, fils de Zeus, figure mythologique du félon, du traître. Le personnage ici développé correspond bien à l'archétype, bien que le scénariste lui ait donné des caractéristiques alternatives.
Ici celui qui joue le rôle de passeur entre les mondes est Passeur, une femme énigmatique dont la génèse est racontée dans la seconde partie. Je pense qu'on pourrait pousser plus loin l'analyse de texte en regard de cette mythologie nordique, mais n'étant pas un spécialiste, je m'en abstiendrai (et puis ça serait peut-être très chiant).
Le récit est assez difficile à suivre. D'une part du fait de complexité, d'autre part à cause d'une certaine confusion dans la narration. J'avoue avoir été quelque peu noyé vers la fin du second tome.
Jean-Philippe Baradat est un autodidacte du dessin. Il a affiné son style pendant des années et sa première BD montre une quasi maturité graphique. Ses personnages sont assez justes, il y a une ambiance certaine dans ces deux tomes, une marque du dessinateur je pense. J'avais été agréablement surpris par ses premières planches, mais la suite a confirmé cette première impression.

En définitive "Hellheim" est une série très prometteuse, avec un univers à la fois original et marqué par la mythologie nordique, et qui bénéficie d'un graphisme envoûtant par moments. Espérons qu'une éventuelle suite sera moins confuse, confusion qui explique ma note finale de 3,5.

 

Spooky.

 

BD Hellheim

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


Dans un futur lointain où les machines à vapeur cohabitent avec les dernières technologies permettant les voyages interplanétaires, la Terre est le théâtre d’une guerre civile faisant des millions de victimes. Vincent, le fiancé de Marie, fait malheureusement partie des soldats qui ne reviendront jamais. Pour oublier sa peine, notre jeune héroïne s'engage en tant que médecin sur l'une des arches spatiales parcourant la galaxie à la conquête de nouveaux mondes.

Tiens bizarre que ce one-shot soit passé inaperçu… Kara, auteur à la forte inspiration manga, comme en témoignent Gabrielle, Le Miroir des Alices et Le Bleu du Ciel, s’est attaché les services de Masa, auteur venu du Pays du Soleil levant pour nous livrer un récit en 48 pages à l’européenne, ce qui n’a pas dû être facile à gérer. Pourtant le résultat est là, et il est plus qu’honorable. Masa, même s’il n’a pas un trait original pour un auteur de shônen, a quand même une sacrée maîtrise du genre semi-réaliste. Comme souvent chez Kara, les personnages principaux sont des jeunes femmes (et même des enfants, dont un au sexe indéterminé) qui sans être surpoumonées, n’en sont pas moins jolies. Ajoutez à cela un petit vernis « mecha », avec un soupçon de faits scientifiques (mais ici plus discrets que dans ses autres séries) et vous aurez une idée de l’environnement que Kara affectionne.

Si je suis plutôt enthousiaste sur le dessin (et les couleurs, que les deux auteurs se sont partagées), qui a été réalisé de façon traditionnelle, sans l’aide de l’ordinateur, je suis un peu plus circonspect sur la mise en scène, sur la superposition des plans. Il y a un manque de « fondu » entre le premier plan et le fond de certaines images, ce qui est un peu étrange parfois… L’autre point un peu décevant c’est le scénario. Kara part d’une guerre civile (en… France ?) au 23ème siècle, mais en parle finalement très peu pour nous propulser quelques temps plus tard, lorsqu’une veuve éplorée s’embarque pour une mission d’exploration aux confins de l’espace. Atterrissage, rencontre avec… quelque(s) chose(s), et puis pouf, ça se termine. Je n’en dis pas plus sur le déroulement, car ce serait du méchant spoiler, mais je pense qu’il y aurait eu matière à faire une histoire plus longue, de montrer un peu plus longuement et individuellement les rapports des trois exploratrices avec cette étrange planète. Il y avait matière à faire 3 ou 4 albums à mon sens. Mais d’après les dires de Kara, ce fut assez contraignant des deux côtés de la planète, la réalisation d’albums supplémentaires aurait certainement traîné en longueur…
A noter des éléments discrets mais qui, si on y prend garde, éclairent un peu le propos de Kara : le nom que les jeunes femmes donnent à la créature qu'elles rencontrent sur la planète, ainsi que la texture du décor sur certaines cases.

En résumé, une lecture assez sympathique, qui offre une petite réflexion sur les rêves, les désirs, le fait de se replier sur le passé, bien ambiancé, mais malheureusement trop court, donc un peu frustrant.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD



2465.
Contrainte de trouver de nouveaux horizons pour assurer sa survie, l'humanité a envoyé une colonie dans le lointain Système de Ruivivar. Installés depuis près d'un demi-siècle sur la planète Acriboréa, les colons s'apprêtent à accueillir la Seconde Vague de ses douze millions de migrants. Une arrivée historique qui mobilise l'attention de tous y compris celle des natifs de Ruivivar.
Ce récit retrace les destins de Jasper Niemeyer et Nathan Polliger, deux hommes au centre de terribles événements dont l'enjeu ultime est la préservation du genre humain.

Une série de SF courte et de bonne facture, ça manquait ces dernières années...

"Acriboréa" est de cette trempe, sans toutefois faire partie du haut du panier. J'ai tout de même accroché assez vite à l'histoire, grâce à un univers assez cohérent et à un dessin plutôt bon de Stéphane Créty. Un univers qui brasse cependant pas mal de thèmes : une guerre interstellaire, des manipulations de l'opinion, des "Elus". J'y ai trouvé pas mal de références avec des romans connus ou pas relevant de la science-fiction. Ce n'est pas forcément un reproche, mais il faut que la mayonnaise prenne avec tous ces ingrédients. Je l'ai dit, l'univers est cohérent, il y a relativement peu d'incohérences. Cependant j'ai eu du mal avec le scénario. Lors des deux premiers tomes, il est assez logique, limpide. Mais par la suite le récit se complexifie, les personnages sont plus nombreux et le scénariste semble avoir du mal à tous les caser, à leur trouver une trame cohérente. Cela a un peu plombé ma lecture, d'autant plus que j'étais bien rentrée dans ma lecture jusque-là.

Par la suite, j'ai donc arrêté de me prendre la tête avec le scénario quelque peu hasardeux, m'attachant au simple plaisir des yeux, suivant l'histoire sans me poser trop de questions. Le dessin de Créty est donc très bon, on voit qu'il s'amuse comme un fou à crobarder les designs d'engins interstellaires. Cependant la présence de chasseurs des années 2000 au milieu des astronefs à hyper-réaction m'a fait tiquer, j'ai trouvé ça un peu trop anachronique pour passer dans un récit qui se prend par ailleurs au sérieux. Les couleurs de Sandrine Cordurié sont très agréables, commençant par un dégradé entre le bleu et le brun dans le premier tome pour élargir sa palette par la suite. Du travail sérieux.

Bref, une série qui m'a distrait, mais que je ne mettrais pas au même niveau que d'autres dans le même genre.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


1751. Quelques décennies avant la Révolution française, un vent d'idées nouvelles souffle à travers l'Europpe. Un vent de progrès et de liberté... Mais au coeur de ce Siècle des lumières, la découverte d'une étrange météorite à l'autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d'Orcières, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d'Holbach, philosophe et encyclopédiste éclairé, qu'ils soupçonnent d'être l'insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d'une lutte acharnée pour la possession de cette pierre aux mystérieux pouvoirs...

Je m’attendais à une bonne BD avec cette nouvelle série du duo du Clan des Chimères, mais j’ai été surpris.
Surpris tout d’abord par les qualités graphiques de l’album. On a pu le voir tout au long de la série précédente, Michel Suro n’a cessé de progresser. Avec cette nouvelle époque (mais dans le même univers), il a encore fait un petit bond, et il a visiblement pris du plaisir à illustrer cette histoire. Le premier témoignage, évident, est la couverture, en rupture avec la construction précédente série, toutes construites selon un schéma presque immuable : un personnage au premier plan, et derrière lui des créatures ailées. Ici la couverture est de facture plus classique, assez proche de ce que pourrait la couverture d’une bande dessinée sur la piraterie, par exemple. Elle est proprement superbe, et nous indique d’emblée certains cadres où se situera l’histoire : ambiance maritime, donc peut-être voyage, exotisme… Ca donne envie. Le dessin de Suro est accompagné d’un traitement des couleurs très réussi, avec une gamme chromatique très large. Luca Malisan, par ailleurs dessinateur de La Croisade des enfants (Edition Soleil), a su magnifiquement s’adapter au style de facture classique de Michel Suro. Il a su créer des ambiances très diversifiées, même si parfois ses Européens du XVIIIème siècle ont un teint un peu bronzé. Par ailleurs Suro, quia fait évoluer physiquement Abeau et Cylinia de façon assez crédible (même si Abeau me semble un peu moins réussi), nous propose un Weltman très proche physiquement de celui de Guérineau dans la série-mère.



Le Siècle des Ombres prend pied au XVIIIème siècle, celui des… Lumières. Le contre-pied pris par Corbeyran dans le choix du titre de la série est clair : alors que de nombreuses connaissances et découvertes se font jour un peu partout en Europe, il y a pourtant des choses qui restent obscures, des créatures qui œuvrent à l’abri des regards. Et une fois de plus, les Stryges n’y sont pas étrangères… Cette nouvelle série, la cinquième de l’univers, met en vedette non seulement Abeau et Cylinia, mais aussi Sandor Weltman. Trois être quoi, si vous suivez la trame de l’univers des stryges, ont des pouvoirs très particuliers. Trois êtres très particuliers dont la première apparition avait laissé de fausses impressions sur leurs motivations exactes. Mais avec la fin du Clan des Chimères et celle du second cycle du Chant des Stryges, les enjeux et les positionnements ont changé. Weltman est-il un dangereux manipulateur ? Pas sûr. Abeau et Cylinia œuvrent-ils pour le bien du monde ? Les cartes sont brouillées en 1751. Nous nous retrouvons avec deux factions rivales, qui courent cette fois après un météorite qui pourrait être lié aux créatures ailées que l’on nomme stryges… Et qui n’apparaissent pas de façon réelle dans ce premier épisode. Weltman devrait en être le personnage central, et il apparaît déjà avec une forte présence, sous les traits de Paul Henry Thiry, Baron d’Holbach. Si je ne m’abuse, c’est la première fois qu’un personnage historique réel apparaît et joue un rôle prépondérant dans cet univers. En 1751, celui-ci, né Allemand, vient d’obtenir la nationalité française, et s’apprête à participer à l’Encyclopédie, dirigée par Diderot et d’Alembert. C’est un personnage haut en couleurs, ouvertement anticlérical, athée, matérialiste et fataliste. Il dût parfois écrire sous des pseudonymes pour voir ses idées publiées. Il tenait une place centrale dans le microcosme des philosophes et des savants de cette époque bouillonnante. C’est donc un personnage symbolique, sans doute inspirateur de la Révolution (et à mon avis ce fait va être traité par la suite dans la série), qui prend les traits de Weltman, un homme qui se veut libre, libre penseur, qui est avide de connaissances et de bien d’autres choses. Weltman, qui, je l’ai dit, nous présente un visage très différent de ce qu’on savait de lui jusqu’à présent (enfin, sauf dans la fin du second cycle du Chant des Stryges).

Bref, une entame qui présage bien des belles choses, avec une intrigue riche, des personnages surprenants et un dessin fort réussi.

Spooky.
 
A noter que le logo d'Ansible, ci-dessus, a été "piqué" sur le quatrième de couverture de ce premier tome du Siècle des ombres.


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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD

8 novembre 1793. Manon Roland, une figure de la Révolution Française, meurt sous le couperet de la guillotine, quelques jours après le décès de l'humaniste Olympe de Gouges. Avec elles, les espoirs des Filles de Lilith s'éteignent une fois encore dans la plus terrible injustice.

Rue du Faubourg-Saint-Honoré, Camilla attend Robespierre dans ses appartements. Le tyrannique et mystique Robespierre, son amant. L'une des plus redoutables machinations de notre Histoire vient de s'enclencher, selon un plan vengeur qui n'épargnera rien ni personne.


Les succubes sont des démones qui se servent de leur pouvoir sexuel pour prendre possession d’un homme et le mener à sa perte, notamment pendant son sommeil. Ici le principe est détourné pour nous présenter des personnages réels, presque humains, qui interviennent au grand jour pour manipuler les grands de ce monde en ébullition qu’est la France de la Révolution française. Curieusement j’ai pensé au Chant des Stryges pour le fond de l’histoire, celui de créatures légendaires qui oeuvraient dans l’ombre à la conduite du monde… Mais ici le scénario tourne vite court, il n’y a pas une once de réalisme dans la conduite du récit. Pire que ça, on nous montre des personnages historiques, tels Robespierre, dans des attitudes assez ahurissantes, à mille lieues du personnage tel que la chronique nous l’a rapporté. Autre problème, le brassage des mythologies et des figures mystiques, sans aucun souci de cohérence. Certes, le succube est une figure universelle, mais cela n’autorise pas une aussi grande dispersion.

Le décor historique n’est pas inintéressant, avec quelques références aux manœuvres politiques à l’assemblée constituante par exemple.

Côté graphisme, Laurent Paturaud a du talent, c’est un fait, ses ambiances et ses cadrages sont plutôt réussis, ainsi que ses personnages féminins, tous plus gironds les uns que les autres. Dommage que ces personnages aient l’air de sortir du même moule…

 

 

Difficile d’être enthousiaste pour une bd aussi ratée, même si le dessin est loin d’être désagréable…

 

Spooky.




livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD

Novembre 1866 : un cadavre de pierre vient d’être découvert au Cimetière du Père-Lachaise !

Le quotidien Le Petit Journal dépêche sur place Tristan, pour faire un article à sensations. L’occasion idéale de faire ses preuves : il résoudra l’enquête avant la police !
Attention : que manigance Émile Auguste d’Onfroy, personnage aussi inquiétant qu’énigmatique, qui le suit pas à pas ?

Entre policier et fantastique, une plongée dans le Paris du XIXème siècle.

 

Cet album sent bon !
Dans la lignée de la tradition littéraire des Gaston Leroux et autres Sir Arthur Conan Doyle, nous avons une enquête sur fond de phénomènes étranges survenant à Paris dans la seconde moitié du XIXème siècle. Une période et un lieu que j'apprécie beaucoup, et dans lesquels Marc Piskic a su installer une ambiance très réussie, à base de brume et d'ombre savamment installées. Jusqu'ici adaptateur de deux romans d'Agatha Christie, ce jeune auteur propose donc une première oeuvre en tant qu'auteur complet, qu'il a patiemment et longuement peaufinée afin de livrer un futur classique.
Son dessin est un peu torturé, inspiré par quelques maîtres des années 1980-1990 (Delitte et Guy Conhaye), mais il convient à merveille aux circonstances de son histoire. Le récit n'est pas très original pour l'heure, mais dès que j'ai lu la dernière page, j'ai voulu connaître la suite. Gros challenge pour Marc Piskic.

 

 

Spooky.

 

 


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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


Dans un futur lointain, l'Humanité a essaimé sur la centaine de planètes qui composent la confédération de Naflin. Les Syracusains, alliés des mystérieux Scaythes et de l'église du Kreuz complotent pour renverser l'ancien système et établir un empire galactique. Quelques voix s'opposent à ces derniers, au nombre desquelles figure celle d'Aphykit et de Tixu Oty. Sur leurs épaules repose le sort de l'Humanité toute entière...

Cette histoire, c'est celle des Guerriers du Silence, un roman dont je vous ai déjà parlé. cette fois-ci nous allons parler de son adaptation en bande dessinée, aux Editions Delcourt.

C'est une adaptation qui me semble assez bonne ; d'emblée nous sommes plongés dans l'univers de la Confédération de Naflin, au coeur de l'action. Le décor n'est pas posé, on est obligé de suivre de suite, ou de lâcher, malgré les petites clés de lecture encyclopédiques dans les pages arrière des couvertures.
J'ai eu le plaisir de retrouver ces petits éléments inventés par Bordage, le colancor, le chairmarché, le Kreuz, les Scaythes les déremats... C'est un univers de grande ampleur, qui compte beaucoup de personnages. J'ai été assez satisfait de la représentation des Scaythes, ces tueurs mentaux aussi terrifiants que mystérieux. Je ne connaissais pas le travail de Philippe Ogaki, mais je trouve qu'il ne s'en sort pas trop mal, notamment au niveau des architectures, des designs techniques. Par contre il doit quand même progresser au niveau des personnages. L'inspiration du manga est fortement marquée, mais je ne suis pas sûr qu'elle devrait l'être autant dans une histoire de Bordage. Il y a aussi un petit manque de maturité au niveau des visages. Aphykit par exemple est de plus en plus moche au fil des pages, un comble pour un personnage dont la beauté doit être transcendée de par son essence très particulière (et qui change plusieurs fois de coiffure dans la série, alors qu'en principe elle n'en a pas le loisir). Il y a de belles ambiances réalisées par ce dessinateur dont l'encrage rappelle par moment celui de Bruno Maïorana sur Garulfo (en même temps c'est Thierry Leprévost, qui a colorisé la série sur le sympathique batracien qui travaille sur "Les Guerriers du Silence" à partir du second tome). A propos d'animal pataugeant dans le liquide, j'ai été déçu par le monagre, cette créature abyssale et légendaire qui aide Tixu. On n'en voit finalement pas grand-chose alors que dans le roman il tient une place non négligeable. Le graphisme d'Ogaki rappelle également celui de Patricia Lyfoung, avec laquelle il collabore sur La Rose écarlate...

Alors bien sûr, adapter un roman de 700 pages en BD, même en 4 tomes, ce n'est pas évident. Algésiras, dans son travail d'adaptation, a forcément fait des raccourcis. Nous n'avons pas par exemple droit aux discussions entre Filp Asmussa et Long Shu Pae, ni aux conversations de Shari avec sa pierre, ou aux moments où Tixu découvre et apprivoise son osmose avec l'antra d'Aphykit... Ces raccourcis sont là pour ne pas alourdir encore plus un pavé déjà difficile à digérer. Les Guerriers du Silence et ses suites est un livre-univers, et le faire passer au papier est déjà une gageure, plutôt bien relevée par l'équipe de la BD. Mais certains éléments, tout comme dans le roman original, me semblent toujours obscurs, comme les motivations de Bilo Maïtrelly, qui ne semble aider Tixu -au péril de sa vie et de ses séides- que parce qu'ils sont complanétaires...
Comme je l'ai dit, on est directement plongé dans l'univers du livre, sans explication préalable. Ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre originale risquent d'être un peu déroutés. Ainsi on a du mal à comprendre les positionnements des différentes factions, leurs motivations, on risque de les mélanger en plus... La BD a ce mérite de mettre des "visages" sur ceux-ci. Les interprétations graphiques d'Algésiras et Ogaki me semblent assez bonnes ; Oslustrist ressemble pas mal à l'idée que je m'en faisais, par exemple...

Une question me taraude pourtant : pourquoi Tixu garde-t-il ses vêtements après son transfert en déremat sur Marquinat ? Il devrait se retrouver nu comme un ver.

La fin de ce quadriptyque peut paraître frustrante, à cause de son côté "non-fin", justement, mais c'est normal, le roman original a connu deux suites. L'indication à la fin du tome 4 "Fin du premier cycle", laisse cependant penser que ces suites seront aussi adaptées. Peut-être quand Ogaki en aura fini avec Meteors...

En conclusion ? J'ai été agréablement surpris par cette adaptation. Grâce à un dessin plutôt bon, réhaussé par des coloristes chaleureux et talentueux ; les raccourcis ne gênent pas trop la lecture, mais Algésiras est obligée de composer avec les déficits en narration de l'oeuvre originale.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


Dans les champs, au printemps, une fillette gît, inerte. Est-elle morte ? Qui l'a tuée ? On n'en saura pas plus.
De ci, de là, une minuscule communauté surgit, comme échappée de contes de fées : Aurore, mais aussi l'Orgueilleuse, la Régressive, l'Aventurière, le Prince m'as-tu vu...
Les saisons passent et Aurore, la presque princesse, s'agite toujours pour son petit monde, qu'elle voudrait merveilleux, pour accorder cette improbable assemblée à la nature et aux bêtes qui les entourent. Jusqu'à ce jour d'hiver, où elle devra faire face à un choix amer...

Connaissez-vous Sa majesté des mouches ?
Il s’agit d’un roman écrit par l’Anglais William Golding en 1954. Un avion transportant des enfants issus de la haute société anglaise se crashe près d’une île déserte. Tous les adultes périssent, et les enfants tentent de s’organiser. Mais très vite ils retournent à un état sauvage, sans retour. Considéré comme une œuvre pour enfants, la violence de l’histoire est pourtant manifeste, et il s’agit d’un classique de la littérature traitant en fait de la fragilité de la civilisation.

C’est un peu à cette œuvre (que je vous recommande) que m’a fait penser « Jolies ténèbres ». On se retrouve dans une microsociété privée d’adultes, et du coup les enfants se retrouvent dans des schémas primaires, jusqu’à sombrer dans la barbarie la plus extrême. Dans une telle société les personnes ayant des troubles psychologiques ne sont plus aidées, et deviennent soit des parias, soit des dominants. Fabien Vehlmann aime bien ce genre de situation, puisqu’il l’exploite également dans sa bonne série Seuls, sur un traitement nettement différent toutefois. Ici il a développé une idée originale de Marie Pommepuy et l’a poussée assez loin (peut-être pas jusqu’au paroxysme, mais assez loin quand même). Le regard porté sur Aurore et ses compagnons est celui d’un sociologue, on pourrait même parler d’entomologie eu égard à la taille des protagonistes. Ici le décalage est renforcé par le dessin des Kerascoët, un côté assez enfantin face à la violence inhérente et suggérée (parfois montrée) du propos. Il ne faut surtout pas croire que parce que le scénariste a écrit cette histoire, il est un sociopathe à tendances meurtrières, ce serait lui faire un mauvais procès… Non, il est juste parti d’une situation donnée et a tenté d’explorer un grand nombre de saynètes découlant de cette situation. Bien qu’il ne soit pas réellement découpé en petits chapitres, c’est ainsi que se présente ce one-shot.
Au-delà du dégoût, de la répulsion que nous évoquent ces scènes, il convient en effet de prendre du recul. Bien sûr, cela peut réveiller des échos dans notre enfance. Certains d'entre nous ont peut-être eu la tentation d'arracher des pattes à des mouches, de manger des fourmis... Cela prouve une chose : ces situations, d’apparence grotesque, ne sont pas impossibles. L’Homme naît-il naturellement bon ? Oui, nous a enseigné Jean-Jacques Rousseau dans nos cours de philo au lycée. Au regard de ces œuvres, mais aussi de beaucoup de choses se passant dans le monde, on est réellement près d’affirmer exactement le contraire. Car l’Homme, laissé à lui-même, pourrait redevenir un animal, guidé par son instinct, sa rancœur ou son ambition.
Le décalage est aussi présent dans le titre. « Jolies » relève du champ sémantique joyeux, appréciatif, alors que « ténèbres » laisse penser qu’il y a des choses sombres, inavouables dans l’album. Le titre est bien choisi, puisqu’après l’entame étrange, les tentatives « gentilles » d’Aurore pour instaurer une microsociété basée sur l’entraide et la bienveillance tombent toutes à plat, face aux caractères et aux ambitions de ses compagnons.
Voilà pour une première analyse à tiroirs.

[SPOILERS]
Du côté de l’histoire proprement dite, il y a plusieurs questionnements qui viennent à l’esprit pendant ou après la lecture. Comment la petite fille est-elle morte ? Pourquoi personne ne la trouve pendant le long moment où se déroule le récit ? L’homme qui se balade à proximité et vit dans une maison proche est-il lié à cette petite fille ? Est-il son assassin, son père ? Remarquons que dans une case, son lit comporte deux oreillers, un grand et un petit.
Qui sont tous ces enfants ? On ne le saura jamais vraiment, mais la façon dont ils apparaissent à Aurore laisse à penser qu’ils sont tous, elle comprise, des morceaux de l’âme d’Aurore, la petite fille morte. Celle qui se fait appeler ainsi ne serait peut-être que la fraction « raisonnée » de son esprit, les autres une partie des penchants naturels de l’âme humaine, suivant la théorie que j’ai développée sans talent au-dessus. Ces différentes facettes disparaissent les unes après les autres, à mesure que l’âme humaine s’échappe (meurt ?) du corps sans vie d’Aurore. Je n’ai pas d’interprétation pour la scène finale, Aurore restant seule face à l’homme sans nom. La dernière réplique trouve peut-être son écho dans la relation (pas claire) entre la petite fille morte et l’homme. C’est une interprétation possible, mais il y en a certainement d’autres. Le talent du scénariste est aussi de laisser la porte ouverte à l’interprétation, de montrer qu’il n’y a pas forcément une seule explication possible, mais autant qu’il y a de lecteurs. C’est une orientation qu’a prise Régis Loisel dans Peter Pan, une orientation qui n’a pas fini de faire jaser ; c’est le propre, selon moi, des œuvres de valeur. Autre point commun entre les deux œuvres, le regard de l’héroïne. Je n’oublierai jamais celui de Clochette, affiché en couverture du tome 6 de Peter Pan, un regard que recèle beaucoup de noirceur. Ce regard, Aurore l’affiche aussi dans la dernière partie de Jolies ténèbres, lorsqu’elle devient une exécutrice au sang froid. Ça donne des frissons.
[FIN SPOILERS]

Au final, il faut vraiment, à mon humble avis, se détacher des contingences civilisationnelles pour vraiment apprécier Jolies ténèbres. Elle mérite d'ailleurs au moins deux lectures successives, et probablement une troisième une fois ces deux premières digérées. Si l’on ne s’attache qu’aux actes, c’est une œuvre gore, à la limite du soutenable, on a envie de venir chercher ces enfants pour les ramener dans un cadre structuré. Car ces enfants sont condamnés à brève échéance, tous.

Pour toutes ces raisons, "Jolies ténèbres" est une œuvre forte, qui ne laissera de toute façon pas indifférent, et c’est dans la polémique qu’elle soulève qu’elle révèle sa véritable profondeur. Et son véritable intérêt. Bien sûr, ce n’est pas une bande dessinée à mettre entre toutes les mains.

Spooky.

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